mercredi 19 février 2014

4e Référence - Séquence "Grisant" - Jacques MONORY

Jacques MONORY né en 1934


Meurtre n° 10/2

(Les Meurtres)

1968

Huile sur toile et miroir brisé avec impacts de balles

160 x 400 cm

Après un passage par l’abstraction, Jacques Monory introduit la figure dans sa peinture en 1962. Ses recherches sont alors marquées par l’influence du pop art (de James Rosenquist en particulier), dont l’irruption en Europe accélère un mouvement général de retour à la figuration. En 1964, il participe, avec les artistes de la Figuration narrative, à l’exposition « Mythologies quotidiennes » organisée au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Monory travaille à partir d’images photographiques, souvent prises par lui-même ou découpées dans des magazines. Il utilise un appareil de projection qui les agrandit à la mesure du tableau, opérant ainsi une sorte de mise au carreau. Cette démarche signale les rapports multiples et complexes que Monory entretient avec les images mécanisées (photographie, cinéma, télévision). La toile est préalablement recouverte d’une couleur monochrome, qui renforce la contradiction entre impression de réalité et sentiment de basculement du réel. Meurtre n° 10/2 appartient à une série de vingt-deux œuvres commencée en 1968, moment où il tourne son premier film, Ex-. Un photogramme de ce film va servir de point de départ au tableau où le peintre se représente en meurtrier solitaire quittant les lieux du crime. L’artiste apparaît régulièrement dans ses œuvres, tour à tour héros, tueur à gages, victime ou simple témoin. Avec Meurtre n° 10/2, la toile fonctionne comme un écran cinématographique où se projette le drame et où, simultanément, le spectateur, comme pris au piège, se reflète dans un miroir criblé d’impacts de balles, inséré dans la composition. Tel un photogramme « gelé » où se mêlent dimensions réelles et fictives, la peinture permet à Monory de condenser le temps et de concilier en un même lieu des espaces hétérogènes.





Alice Fleury.

Source: Site du Centre G.POMPIDOU, Musée National d'Art Moderne .