jeudi 5 juin 2014

6e Références - Séquence "Buger Paper Couleur" - Henri MATISSE " Les gouaches découpées"

  Séquence "Burger Paper Couleur"


Henri MATISSE  "Les gouaches découpées"



Les gouaches découpées représentent à elles seules la synthèse de tout le travail de Henri Matisse (1869-1954). L’artiste a toujours cherché à concilier le dessin et la couleur dans sa peinture. Ce nouveau moyen plastique lui a permis d’obtenir cette pureté absolue du trait dans la couleur. Son travail de dessinateur, sculpteur et peintre se retrouve dans cette technique.
Une seconde vie
En 1941, Matisse subit une lourde opération. Il a frôlé la mort et est considéré comme un « ressuscité ». Cette seconde vie va être pour lui comme une renaissance sur le plan artistique.
Il est alors alité et ne peut plus peindre. Les gouaches découpées lui permettent de se remettre au travail.
Sa technique : Il fait peindre par son assistante (qui est également son infirmière et modèle) des papiers à la gouache de manière uniforme. Matisse les découpe au ciseau, puis demande à son assistante de les épingler sur un panneau selon ses instructions.

Un nouveau mode d’expression plastique
La première gouache découpée de Matisse date de 1937 pour la couverture de Verve, revue d’art créée par l’éditeur Tériade. Matisse avait déjà expérimenté les gouaches découpées dans les années 30 avec ses études pour La Danse, mais uniquement comme support pour trouver la bonne harmonie. Ce sont les cubistes qui ont été les premiers à créer des collages sur leurs tableaux. Mais la démarche était toute autre : Il s’agissait de coller papiers peints, journaux ou autres matières dans le but de mêler réel et figuratif.
Jazz
C’est Tériade qui lui propose en 1941 de créer un livre de couleurs. Commence alors un travail acharné de Matisse qui passera quatre années sur l’album Jazz, entre 1943 et 1947. L’album est composé de vingt papiers découpés, «illustrés » de textes, qui servent selon Matisse de fonds sonores à ses couleurs.
La technique d’impression de l’ouvrage est délicate. Même si l’éditeur a pris soin d’être fidèle aux couleurs initiales, Matisse est très déçu par le résultat. Les planches imprimées ne peuvent donner le même effet que les gouaches originales. Les couleurs sont plaquées, le volume créé par les papiers épinglés est perdu, la pureté des coups de ciseaux a disparu. L’album est cependant un immense succès; et Matisse sait qu’il peut encore aller plus loin grâce à cette technique.

L’harmonie de la couleur et du trait
Matisse a toujours été confronté en tant que peintre à cette dualité entre la couleur et le trait. La peinture fait perdre les tracés du dessin. Il reprenait à la peinture noire les contours de ses formes dessinées, mais perdait en même temps la ligne épurée du dessin initial. Il a découvert avec les gouaches découpées la solution à ce problème : le dessin est directement effectué à même la couleur. Non seulement il n’y a plus de frontière entre la couleur et le dessin, mais leur intensité en est mutuellement renforcée. La ligne est mieux délimitée, les couleurs sont plus contrastées.
Coups de crayons /coups de ciseaux
Matisse a tout au long de sa vie effectué de nombreux dessins, à la recherche de l’équilibre par des lignes épurées. Ses arabesques tracées d’un seul trait forment des visages ou des nus, avec toujours plus d’intensité et d’économie de moyens. C’est par une démarche identique qu’il a modelé ses gouaches aux ciseaux. Le coup de crayon et le coup de ciseau relèvent d’une même quête : la pureté de la ligne et l’équilibre des formes, où ne reste que l’essentiel.
Sculpteur de couleurs
« Découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe des sculptures » disait-il. Cette manière de dessiner dans l’espace, la couleur dans une main, les ciseaux dans l’autre, est un enchantement pour cet artiste épris de formes et de couleurs. Tout son travail de peintre, dessinateur et sculpteur se retrouve dans un seul et même geste.
Les nus bleus
L’année 1952 a été la plus productive avec la création de 40 gouaches découpées. Notamment avec la série de Nus Bleus, qui constituent une sorte d’aboutissement du travail de Matisse. Avec une économie de formes et de couleurs jamais atteinte, Matisse a réalisé l’exploit d’obtenir l’équilibre et l’harmonie avec une seule couleur, où les vides et les pleins forment le volume. Les contrastes créent les formes. Une telle impression de simplicité est le résultat de toute une vie de travail.

Source:  www.guidedesarts.fr